- Loriano Macchiavelli -

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lorianomacchiavelli_0M8A6700© Robbie Lee

Homme de théâtre, puis romancier, Loriano Macchiavelli est né le 12 mars 1934 à Vergato (près de Bologne). Tout en travaillant à la cinémathèque de Bologne, sa fréquentation des milieux du théâtre le conduit à devenir acteur, puis metteur en scène et dramaturge. Il écrit diverses pièces dont certaines seront primées et montées par plusieurs compagnies. Conjointement à cette intense activité théâtrale qu’il poursuivra jusqu’en 2001, Loriano Macchiavelli entame une féconde carrière de romancier avec Les jours de la peur (1974) qui reçoit le grand prix du polar de la ville de Cattolica. Cette même année, Il fait également ses débuts dans le domaine de l’action culturelle et militante afin de défendre et pro- mouvoir le roman policier contre ceux qu’il qualifie “d’éditeurs myopes”. Dans les années qui suivent, tout en publiant en moyenne un roman chaque année, Macchiavelli crée diverses associations comme SIGMA (1980), Gruppo 8 (1984, avec Renato Olivieri, Enzo Russo, Atilio Veraldi...), Autori associati (1985), Gruppo 13 (1990 avec Carlo Lucarelli et Marcello Fois). En effet, depuis ses débuts littéraires, Loriano Macchiavelli défend un projet ambitieux : faire émerger un roman policier à l’italienne qui privilégie la qualité.


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Loriano Macchiavelli est reconnu aujourd'hui comme l'un des plus éminents (et des plus prolifiques) écrivains italiens de ro- man noir, est le premier à avoir jeté les bases de ce qui est devenu aujourd'hui la "Bologne noire" (rejoint par la suite par d'autres auteurs comme Lucarelli ou Grazia Verasani). Loriano Macchiavelli, comme il l'a relaté à plusieurs reprises dans ses interviews, conçoit le roman noir comme "un être contre", "une attitude vis-à-vis de la culture de notre société, vis-à-vis de la culture officielle, complétement en opposition". Pour lui, "la littérature noire doit déranger la littérature officielle, les lecteurs et surtout ceux qui nous manipulent". Le noir est donc un outil lui permettant de s'opposer aux formes établies, qu'elles soient sociales ou littéraires. En cela, c'est bien lui qui, en 1974, avec Les jours de la peur, donne au giallo (jaune, couleur par laquelle on désigne le roman policier italien) sa couleur noire.
Avec la naissance du personnage de Sarti Antonio, Loriano Macchiavelli réinvente les codes du giallo, qu'il s'agisse de la résolution de l'enquête, qui ne trouve que rarement une issue officielle, ou de la présence insistante du narrateur dans ses romans dialoguant avec son personnage et intervenant pour commenter ses actions, sans se priver de souligner les aspects les moins glorieux du sergent.
Et Macchiavelli trouve dans la Bologne du début des années soixante-dix le terrain idéal pour mettre en acte cet "être contre". Surnommée "la dotta, la rossa et la grassa" ("dotta" (docte) par référence à son université, la plus ancienne du monde occidentale ; "rossa" (rouge), en référence à la couleur des briques dont elle est faite et au parti communiste qui a longtemps dirigé la ville ; "grassa" (grasse) en référence à sa tradition culinaire et à la richesse de l'Émilie-Romagne, dont elle est la capitale), Macchiavelli cueille Bologne à un moment tragique de son histoire où l'ilôt bienheureux bascule dans les années de plomb.
C'est précisément cette illusion d'être un ilôt bienheureux que Macchiavelli fait littéralement exploser dans Les jours de la peur – le livre s'ouvre sur un attentat qui fait exploser le centre de trans- mission de l'armée sur les collines de Bologne. Comme il le rappelle dans la préface à notre édition française des Jours de la peur, en 1974, quand le roman paraît, nombreux sont ceux qui refusent sa vision de ce que la ville devient et qui le traînent dans la boue. La ville a pourtant vécu sa première tragédie, l'année précédente, avec l'attentat du train Italicus qui a fait 12 morts. Les années suivantes prouveront que c'est Loriano Macchiavelli qui voyait juste. La ville devra faire face à de nombreux autres événements sanglants : la révolte des étudiants de 1977 et l'assassinat de l'étudiant Francesco Lorusso suivie d'une conférence contre la répression où interviendront de nombreux intellectuels français, de Guattari à Lacan en passant par Foucault ou Deleuze ; la tragédie d'Ustica en 1980 (l'avion Bologne-Palerme s'abîme en mer, abattu par erreur par un missile, faisant 81 morts), l'attentat de la gare de Bologne, toujours en 1980, faisant 85 morts dont on sait aujourd'hui qu'il fut perpétré par un groupe d'extrême-droite (encore aujourd'hui l'horloge de la gare de Bologne est arrêtée à l'heure de cet attentat), l'attentat du train Rapido 904 qui fait 267 blessés en 1984, perpétré par la mafia. Sans compter le gang de la Fiat uno blanche qui, de 1987 à 1994, réalise plus d'une centaine de braquages, fait 24 morts et 102 blessés, et dont les membres sont des policiers d'extrême-droite de la ville. Des collègues du sergent Sarti Antonio, autrement dit. Ajoutons que la Bologne dans laquelle celui-ci enquête est une ville qui, dans les années 70, a encore plusieurs comptes à régler avec la période fasciste, alors qu'elle vit l'agitation des années de plomb où la violence des manifestations de rue alterne avec les explosions et les attentats à la bombe.
Le succès de la série des Sarti Antonio en Italie prouve combien Loriano Macchiavelli, décrivant la transformation d'une ville, a su rencontrer les inquiétudes de nombreux Italiens quant à l'avenir de leur pays. En 1987, désireux de passer à autre chose, Macchiavelli décide de faire mourir son personnage. En 1991 et 1994, la Rai adapte les aventures du sergent en série télévisée et, sous la pression du public, l'auteur reprend la plume pour de nouvelles enquêtes du sergent.
En 2022, Loriano Macchiavelli publie La stagione del pipistrello, une nouvelle enquête de Sarti Antonio. A 90 ans, il est aujourd'hui considéré comme une des consciences politiques de l'Italie, dans une Bologne qui apparaît plus que jamais comme un bastion de résistance à l'extrême-droite.


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