Manon Gignoux porte attention au corps, à l’absence des corps au-delà des corps, avec une élégance, un talent certain pour la grâce. Le travail plastique qu’elle fournit depuis une dizaine d’années est constitué de dessins, de peintures, de céramiques parfois. Ce travail tourne tout entier autour de l’absence. Absence du corps qui se dérobe sous le vêtement, qui se dérobe dans le geste. Absence des fleurs dont le dessin s’esquive sous les couleurs, tremble dans les contrastes. Absence aussi du paysage, qui se fond dans la vivacité d’un geste, qui s’esquisse au-delà du dessin dans les traces de vert, de brun, de gris. Ce sont de larges aplats noirs, des traînées de peinture, des repentirs et des hésitations, comme un froufrou, un froissement de tissu. Des touches hésitantes à pas menu, des éclats musicaux de couleur. Sans cesse Manon Gignoux revient, hésite, trace délicatement sur le papier une œuvre qui pose beaucoup plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, qui laisse la place au blanc, au non-dit, a la sensation du sujet plus qu’à sa représentation.
Certes, ce sont des fleurs, des montagnes ou des robes, mais non, ce ne sont ni des robes, ni des montagnes ni des robes, la peinture n’en a ni le poids, ni l’odeur, ni la complétude ; la peinture est fugace autant que le temps qui l’a faite. Manon Gignoux l’a saisi dans un instant, l’instant est passé, l’image inachevée.
C’est ici, dans le vide laissé par le travail qui semble devoir se poursuivre toujours, que l’on voit mieux que nulle part ailleurs le poids, l’odeur, la complétude. Et puis la musique aussi.
Résumé de Rose Satin
L’autrice : Louise Pommeret
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